L'ambre gris
L’ambre gris est une concrétion sécrétée par le cachalot, à l’apparence d’une pierre grise. Elle est rejetée par l’animal, flotte à la surface, pour être ensuite récoltée. Cette matière première animale est très rare et donc très onéreuse. En aucun cas, le cachalot n’est tué pour récupérer cette matière, qui est donc autorisée.
Elle fait partie des principales notes animales naturelles, tout comme :
- La civette
- Le musc
- Le castoréum
- L’hyraceum
Histoire des notes animales
Vers 330 ans av. J.-C., Alexandre le Grand découvrit les notes animales. Dès lors, ces notes deviennent très utiles aux parfumeurs. En effet, les arômes de ces notes sont très forts, et résistent à l’évaporation bien mieux que d’autres matières premières.
Autrefois, les notes animales étaient notamment utilisées par les Égyptiens, et également par certaines peuplades d’Afrique. Au début du 20ème siècle, presque tous les parfums contenaient des notes animales, qui étaient alors qualifiées de « fixateurs ». Très tenaces, ces senteurs participaient aux notes de fond dans la fragrance (notes qui s’évaporent lentement, et qui permettent de faire durer le parfum dans le temps) mais donnaient surtout une grande sensualité aux parfums. En effet, les notes animales étaient présentes à très faible dose dans un parfum, même quand elles s’associaient à des senteurs très subtiles et légères. De cette manière, elles rendaient le parfum plus suave, sans que leur présence se fasse ressentir.
Les causes de défense des animaux ont aujourd’hui interdit l’utilisation de la plupart des notes animales en parfumerie. L’ambre gris est cependant toujours autorisé, car elle n’implique pas de souffrance animale. Cependant, les notes animales sont aujourd’hui moins appréciées qu’avant, et se font bien plus rares dans la parfumerie actuelle.
Qu’est-ce que l’ambre gris ?
L'ambre gris est une sorte de calcul sécrété par le cachalot. En effet, les becs des pieuvres ou calamars ingérés par l’animal peuvent parfois blesser les parois de l’appareil digestif du cachalot, provoquant des lésions. Pour panser ces blessures, le cétacé sécrète alors une substance semblable à des cailloux, et expulsée par les voies naturelles.
Ces concrétions sont ensuite portées par les courants et flottent à la surface (plus l’ambre gris va flotter longtemps - idéalement quelques années, plus elle sera de bonne qualité). Les matières finissent ensuite par s’échouer sur des plages de Nouvelle-Zélande ou de Madagascar, ou bien par être pêchées par un récolteur.
L’oxydation créée par l’eau de mer et le soleil va transformer cette substance en une matière première exploitable en parfumerie. En effet, l’ambre gris non oxydé n’a pas l’odeur recherchée et n’a donc aucune valeur commerciale. Un contrôle visuel permet de déterminer si le bloc a été oxydé : l’oxydation transforme le bloc de couleur noir foncé, de consistance molle et à l’odeur très désagréable en une pierre plus dure, de couleur gris foncé à gris clair, et dont la senteur est bien plus agréable. Pour chaque achat, un travail minutieux de sélection des blocs est effectué par la société de matières premières qui vend encore l’ambre (il en existe très peu). Chaque bloc est senti individuellement et choisi en fonction de son odeur, parfois très iodée, marine, ou bien plus chaude, voire très animale.
Le spécialiste va ensuite pouvoir vendre les blocs d’ambre brut, ou bien effectuer une communelle de teinture d'ambre. La communelle (assemblage de différents lots d’une même essence naturelle, permettant d’assurer une homogénéité), permet de garantir la qualité de la note ambrée, au même titre que la communelle de la rose ou du jasmin, par exemple.
Certains blocs d’ambres gris peuvent être énormes, et atteignent parfois plus de 100 kg (cela reste toutefois exceptionnel).
L’ambre gris est très rare (à peine 5% des cachalots sécrètent de l’ambre) et donc très onéreux. C’est l'une des matières premières les plus chères de la parfumerie. En janvier 2013, un bloc de 3 kg a été trouvé en Angleterre, et sa valeur a été estimée à plus de 100 000 euros.
Histoire de l’ambre gris
Déjà connu des anciens Égyptiens, qui l’utilisaient en guise d’encens, l’ambre gris est commercialisé en Europe depuis le XVème siècle. Marco Polo comprit, durant ses voyages et grâce aux habitants de Madagascar, l’importance de cette matière qu’ils appelaient alors « l’ambre des baleines ».
Au 18ème siècle, l’ambre gris était plus apprécié que le musc animal dans la parfumerie. Par ailleurs, la matière était utilisée dans le chocolat, pour ses vertus revigorantes et aphrodisiaques (à l’époque, on disait d’un homme qu’il était « fin comme l’ambre », pour signifier que c’était un bon amant) - Casanova en utilisait paraît-il beaucoup. À l’époque, l’ambre gris était également utilisé pour parfumer les gants.
À l’époque où il était encore exploité, le cachalot donnait également le blanc de baleine, appelé aussi « spermaceti » ou « cétine » qui était à la base de certains savons, dont les savons de Guerlain, les sapocetis.
L’ambre gris n’est pas considéré comme « produit de l’animal » et n’est donc pas répertorié CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).
Description olfactive de l’ambre gris
Si l’ambre gris n’est pas très beau visuellement (la matière a l’apparence d’une pierre grise noirâtre, assez légère, rappelant la pierre ponce), sa senteur est exquise. Cette dernière peut posséder des facettes cuirées, proches du tabac, boisées, ou camphrées. Contrairement à la civette qui est très « scatologique », et presque irrespirable, la senteur d’ambre gris séchée est plaisante et devient presque crémeuse. Autrefois, l’ambre gris était synonyme de finesse, de mystère, et d’érotisme dans un parfum.
Un ambre gris de qualité peut s’enflammer, puis se réduire en un liquide de couleur mordorée, d’où le nom « ambre », rappelant la résine fossilisée.
Certaines personnes disent que l’odeur de l'ambre frais provenant d’un cachalot qui aurait été tué n'a aucun intérêt, car il n’est pas formé et sent très mauvais. Outre les raisons éthiques évidentes, les parfumeurs ont donc à cœur de préserver cet animal.
Les parfums à l’ambre gris
Quelques parfums contiennent de l'ambre gris naturel. C’est notamment le cas de fragrances très anciennes, telles que Mitsouko de Guerlain, mais aussi de parfums plus récents, comme Ambre Nuit de Dior, et Ambre Sultan de Lutens.
L’ambre gris et la synthèse
Les seules matières premières de synthèse possédant des notes proches du véritable ambre gris sont le Cétalox de Firmenich, et l’Ambroxan.
Les matières premières animales, hormis l’ambre gris, sont désormais interdites en parfumerie (suite à l’action de WWF), pour des raisons d’éthique. Néanmoins, quelques labels continuent d’y recourir, tels que certains fabricants du Moyen-Orient, pour des productions locales.
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A découvrir aussi
Les aromates
S’ils évoquent surtout la gastronomie, les aromates font également partie des matières premières utilisées dans la composition des parfums. Ils sont toujours présents dans les parfums appartenant à la famille olfactive Fougère. En parfumerie, les aromates sont des matières premières fraîches, dynamisantes, et sont souvent associés aux rituels liés à la toilette. Les aromates sont classés en trois grands groupes :Les notes lavandées Les notes menthéesLes notes anisées
La civette
En parfumerie, il existe différentes notes animales d’origine naturelle. Les principales sont la civette, le musc, le castoréum, l’ambre gris et l'hyraceum. Les notes animales s’utilisent avec parcimonie dans la création de parfum, et peuvent être couplées avec des fragrances très subtiles, dans le but de renforcer la suavité du produit fini.
Les épices
Les épices font partie des matières premières naturelles utilisées en parfumerie. Il en existe deux catégories : les épices fraîches et les épices chaudes. Les épices fraîches agissent surtout en notes de tête dans un parfum, et les épices chaudes se développeront surtout en notes de cœur et en notes de fond.
Les bois
Les bois font partie des matières premières végétales utilisées dans la composition des parfums, au même titre que les fruits et les fleurs. En parfumerie, de nombreux bois peuvent être utilisés dans les fragrances, parmi lesquels :le bois de santalle cèdrele patchoulile vétiverle cyprèsle bois de Oudle bois de Gaïacle bois de bouleau
Les matières premières synthétiques
La parfumerie moderne naît à la fin du 19ème siècle. À cette époque, les parfumeurs commencent à incorporer dans leurs formules des ingrédients de synthèse, ce qui amplifie la palette du professionnel, lui offrant plus de créativité. Cela permet également d’obtenir des formes olfactives plus abstraites. Les chimistes sont aujourd’hui capables d’isoler des composés aromatiques présents dans une matière première naturelle, de les purifier et d’obtenir la structure moléculaire de celle-ci. Une fois cette structure identifiée, le spécialiste pourra, à l’aide de la chimie organique, recomposer les molécules.Comme l’art pictural a acquis une nouvelle dimension avec les colorants synthétiques ( le tube de peinture à permis aux artistes de sortir enfin de leurs ateliers). La parfumerie a atteint de nouveaux sommets, a permis de nouvelles sensations avec les produits de synthèse.
Les baumes et les résines
Les baumes et les résines font partie des matières premières utilisées dans la composition des parfums. Ils interviennent souvent dans les fragrances de la famille orientale ou ambrée. Ces matières complètent la vanille et apportent une note de mystère à la fragrance. Les baumes et résines sont aussi appelés « notes balsamiques ». Les plus utilisés en parfumerie sont la myrrhe, l’encens, le styrax, le benjoin, le baume du Pérou, et le baume de Copahu.
Le castoréum
Le castoréum est une sécrétion issue du castor. Aujourd’hui interdit d’utilisation, le castoréum fait partie des notes animales naturelles utilisées en parfumerie, parmi lesquelles figurent également :La civette Le musc animalL’ambre grisL'hyraceum
Les fleurs
Les fleurs font partie des matières premières utilisées dans les parfums. Il existe différentes catégories de fleurs en parfumerie :Les fleurs vertes / printanières ou végétalesLes fleurs blanches ou sensuelles / les fleurs solairesLes rosesLes fleurs épicéesLes fleurs poudréesLes fleurs atypiques ou rares
La cire d'abeille
« Rien ne ressemble à une âme comme une abeille, elle va de fleur en fleur comme une âme, d'étoile en étoile et elle rapporte le miel comme l'âme rapporte la lumière. » Victor Hugo, Quatre-Vingt-Treize. La cire d’abeille fait partie des matières premières naturelles utilisées en parfumerie. L’huile essentielle de miel n’existe pas, mais les parfumeurs sont en mesure d’orchestrer les notes miellées de la cire d’abeille avec beaucoup d’autres facettes ou familles olfactives, et peuvent également composer avec une infinie variété de notes miellées.
Les autres matières végétales
En parfumerie, il existe, parmi les matières premières utilisées pour composer un parfum, des matières premières animales, synthétiques, ou végétales. Ces dernières se composent de fleurs, de fruits, d’épices, de bois, de baumes et de résines. Il existe également de nombreuses autres matières végétales pouvant être utilisées dans une fragrance. Nous vous en proposons une liste ci-dessous, par ordre alphabétique.
Le musc
Le musc animal faisait partie des matières premières animales utilisées en parfumerie, au même titre que la civette, le castoréum, l’ambre gris et l’hyraceum. Le musc est désormais interdit en parfumerie et il existe aujourd’hui, de nombreuses alternatives pour ne pas avoir à utiliser ces notes animales naturelles.« Il est des parfums frais comme des chairs d’enfantsDoux comme les hautbois, verts comme les prairies Et d’autres, corrompus, riches et triomphantsAyant l’expansion des choses infiniesComme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encensQui chantent les transports de l’esprit et des sens »Correspondances, Baudelaire
Les fruits
Les fruits font partie des matières premières de la parfumerie. Quelques fruits peuvent être utilisés naturellement, tandis que d’autres doivent être traités à l’aide de la synthèse, car il est impossible d’extraire leur essence.
L'hyraceum
L'hyraceum, aussi appelé “Pierre d’Afrique”, est une essence animale utilisée en parfumerie. Elle fait partie des notes animales naturelles, au même titre que la civette, le musc, le castoréum, et l’ambre gris.