Les Larmes de Benjoin
Le benjoin
Le benjoin se récolte essentiellement au Laos. Le Laos était surnommé autrefois le pays au million d’éléphants. Le Laos a la senteur d’une contrée encore vierge. Comme l’a écrit l’écrivain français Jean Ajalbert en 1991, « Là-bas, le temps est tout d’une pièce, comme l’étoffe sans couture dont les femmes entourent les reins, comme l’écharpe libre en travers de leur poitrine. Il se confond avec l’espace. Ce n’est plus que du soleil, de grandes et de petites lunes, comme un fleuve sans rives ».
L’une des richesses du Laos est le benjoin. Chaque année, le pays en produit environ 50 tonnes. On en trouve principalement dans le nord, dans la province de Phôngsali, une région montagneuse, aux forêts immenses. C’est là que l’on rencontre le peuple du benjoin. Les 2/3 sont exportés vers l’Europe.
Un peu d’histoire du benjoin
Découvert scientifiquement en 1853 par Garcia de Orta. Dans un temps lointain, on transportait son bois odoriférant aromatique que l’on brûlait dans les maisons, afin de purifier l’atmosphère, attirer les ondes positives et d’éloigner les êtres et créatures indésirables. Le benjoin est utilisé pour faire de l’encens, que ce soit dans les églises de Russie ou d’autres communautés orthodoxes, dans les pays arabes du Golf, en Inde etc. Où cette résine est brûlée sur des charbons. Les larmes de benjoin développent un parfum très suave, très apprécié dans les temples bouddhistes où il est utilisé comme l’encens dans les Églises catholiques.
À l'origine du mot parfum : le nom latin « perfumare », les résines, baumes, gommes étaient brûlées, montaient en volutes, afin d’honorer les dieux.
En résumé, le benjoin a longtemps été considéré comme une variété d’encens ou de myrrhe et comme une substance précieuse.
Bienfaits du benjoin
Le benjoin entre dans la composition de baume aux vertus cicatrisantes et antiseptiques. Il parfume l’eau de Botot : produit officinal, cette eau de bouche qu’utilisait notamment Louis XV.
Le Baume de la Ferté, créé en 1830 par Pierre-François-Pascal Guerlain a été au début conçu pour les crevasses de la poitrine de son épouse qui allaitait. Désormais, il est conseillé pour les lèvres, la muqueuse des lèvres étant de même nature de celle du mamelon. Ce baume est à base de corps émollients et de vin de Bordeaux très riches en tanins, donc cicatrisants et en benjoin. Il s’appelle désormais : Superlips.
Le benjoin joua aussi son rôle dans le soin des maladies pulmonaires utilisé en fumigations et en tant qu’antiseptique. Il soigne les coupures et irritations de la peau, également l’inflammation des gencives, combat les rhumatismes et les intoxications sanguines.
Il est la base de la recette du papier d’Arménie, recette secrète de benjoin et d’épices fabriqué en région parisienne, sa senteur m’a inspiré un parfum exclusif de Guerlain : Bois d’Arménie.
Origine du benjoin
Le benjoin est une résine balsamique. Également appelée gomme ou larme de benjoin, elle est secrétée par le tronc du styrax Tonkinensis, de la famille des Styracées. Le benjoin permet l’obtention de l’acide benzoïque.
Il existe différentes qualités de benjoin
- Le benjoin du Laos, très qualitatif, note vanillée ainsi qu’une de note caramel, sans être trop sucrée, poudrée et lactée.
- Le benjoin de Siam est une variété très recherchée par les parfumeurs. C’est très rare et donc très chère. Elle présente une facette vanillée très présente.
- Il existe aussi le benjoin de Sumatra, dans la composition du benjoin on trouve : la vanilline et l’acide cinnamique.
Les agriculteurs commencent à exploiter les arbres à l’âge de 8 ans pour le benjoin de Siam, contre 25 ans pour le benjoin de Sumatra.
En parfumerie, la gomme est traitée par extraction aux solvants volatils pour obtenir l’absolu benjoin.
Récolte du benjoin
On récolte la résine à la main. Le paysan se hisse en haut de l’arbre à l’aide d’une échelle de fortune et, en redescendant, il entaille l’écorce du tronc à plusieurs endroits pour faire pleurer l’arbre. C’est pour cela que l’on parle de larmes de benjoin. Les incisions volontaires sont faites sur l’arbre pendant une durée de dix années. Cette exsudation est de couleur blanche lorsqu’elle est liquide et passe au jaune en séchant. Quand on la récolte, environ 6 mois après, elle est déjà semi-solide. Un arbre donne 4 à 6 kgs, par an de résine ou gomme. Ensuite, le benjoin est acheminé dans des sacs de jute, dans des entrepôts où il va être traité comme des pépites d’or. Puis, il va être nettoyé et trié (travail assuré par les femmes).
Description olfactive du benjoin
Cette note de benjoin est très riche en facettes : vanillé doux, amandé et de café grillé, miellé, floral (œillet), lacté, liquoreux, effet beurre de cacao, légèrement médicamenteux.
Parfums contenant une note de benjoin
Parfums contenant du benjoin : Bois des Iles de Chanel, Habanita de Molinard, Opium d’YSL, L’Eau de Dyptique, Serge Noire de Lutens, Terre d’Hermès et bien d’autres.
Présent aussi dans Shalimar, L’Heure Bleue, Lui, L’Instant de Guerlain, ce dernier que j’ai développé avec Maurice Roucel, et Bois d’Arménie co-créé avec Annick Ménardo.
Parfums Sylvaine Delacourte
Vous pouvez retrouver une note de benjoin dans Vanori de la Collection Vanille et dans Hélicriss de la Collection Musc de Sylvaine Delacourte.
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