La facette Aldéhydée

En musique, on parle d’accord pour désigner une combinaison de notes simultanées formant un tout. Chez le parfumeur-créateur, on retrouve cette notion d’accord aussi. C’est ce qui constitue le thème principal d’un parfum. Quant aux notes, ce sont les composants, en général entre 5 et 10, qui une fois assemblés forment cet accord.

Une ou plusieurs facettes peuvent l’habiller, plus il y a de facettes, plus l’architecture du parfum est complexe. Afin de s’y retrouver, le Comité Français du Parfum classe les parfums selon leur famille olfactive. 

Les 6 familles olfactives

  1. La famille des hespéridés (cf. Facette hespéridée)
  2. La famille des floraux (cf. Famille florale)
  3. La famille des ambrés ou orientaux (cf. La famille des ambrés ou orientaux)
  4. La famille des chyprés (cf. La famille des chyprés)
  5. La famille des boisés (cf. Facette boisés)
  6. La famille des fougères (cf. Facette fougère)

Définition des aldéhydes 

  • L’origine des aldéhydes

C’est au début du XXe siècle que les aldéhydes aliphatiques, des molécules de synthèse sont découvertes, en 1835 par le Baron Von Liebig, un chimiste allemand, pour d’abord être utilisées avec parcimonie dans les formules (cf. Comment conserver son parfum ?) puis devenir finalement indispensables dans les laboratoires de parfumerie. 

  • Les aldéhydes en chimie : une chaîne de carbones

En chimie, un aldéhyde est un groupement particulier d’atomes. On désigne les aldéhydes par une chaîne linéaire de carbones plus ou moins longue, par exemple : C1, C2, C3 … C12. Mais on trouve aussi des traces des ces aldéhydes dans la nature, notamment dans les notes d’agrumes ou certains autres fruits. 
C’est en 1903 que Monsieur Darzens découvre le moyen de stabiliser certains aldéhydes, notamment l’aldéhyde C12MNA, à l’odeur froide, très caractéristique, de métal, de « propre » et légèrement hespéridée. 

  • Les aldéhydes en parfumerie : une catégorie

Mais dans le langage de la parfumerie, les aldéhydes renvoient à une catégorie bien précise. Les notes aldéhydées s’accordent particulièrement avec les notes florales (cf. La famille florale) la facette chyprée ou boisée en permettant de renforcer le sillage d’un parfum (cf. Où appliquer son parfum ?).

Cependant, il existe des aldéhydes qui portent pourtant le nom mais qui ne font pas partie de cette catégorie. C’est le cas des ces notes fruitées : 

  • C 14 : note de pêche
  • C 18 : odeur de noix de coco
  • C 16 : framboise

 

 

Les premières utilisations des aldéhydes dans les parfums

  • Les précurseurs : Houbigant et Guerlain. Les premiers parfums ayant utilisé cette molécule furent Quelques Fleurs d’Houbigant, un bouquet multi floral, et L’Heure Bleue de Guerlain en 1912. 
  • Ernest Beaux et Chanel №5. C’est Ernest Beaux, en 1921, alors parfumeur pour Chanel qui a le premier « surdosé » les aldéhydes C10, C11, C12 MNA, qu’il a associé au noble jasmin, à la rose et à l’ylang ylang pour faire un bouquet abstrait. C’est alors le succès incroyable du №5 de Chanel qui lance une nouvelle famille olfactive. 
  • La légende dorée du №5 de Chanel. On dit notamment que c’est Coco Chanel elle-même qui confia à Ernest Beaux, parfumeur à la cour des tsars en Russie, l’envie d’avoir un parfum « moderne et vibrant » auquel elle donna son chiffre fétiche, le 5. À l'origine, la fragrance était composée de jasmin, de rose et d'ylang-ylang. Ce qui fait la modernité de ce parfum est le dosage des aldéhydes. L’histoire raconte qu’en renforçant intentionnellement de 1% ces aldéhydes, Ernest Beaux aurait voulu que les notes florales ne prennent pas le dessus. 
  • La légende plus anecdotique du №5 de Chanel. Mais une autre version raconte que ce dosage qui a fait le succès du №5 fut le fruit d’une erreur... Quant au nom du parfum lui-même, le fameux chiffre « 5 », il serait aussi celui du nombre d’essais qu’il a fallu avant de parvenir à la formule légendaire ! Le mystère reste entier… Et depuis 1921, beaucoup de marques ont à leur tour lancé leur « floral aldéhydé » dans la lignée du №5 de Chanel. 
  • Elnett et les aldéhydes. En 1960, Elnett de L’Oréal utilise également ces aldéhydes dans la formule de sa laque, ce qui lui donne ce parfum si reconnaissable. 

« Les aldéhydes font chanter les fleurs » 

Finalement, on peut dire que les aldéhydes ces « fleurs de laboratoire » (cf. Comment conserver son parfum ?) donnent de la puissance et apportent une grande fraîcheur propre et métallique, une brillance, une vibration à un parfum. Elles font « chanter les fleurs » révélant une modernité aux notes classiques d’un parfum.


Quelques parfums aldéhydés

  • Arpège Lanvin (1927)
  • Liu Guerlain (1929)
  • Je Reviens Worth (1932)
  • Fleurs de Rocaille Caron (1933)
  • Madame Rochas Rochas (1960)
  • Calèche Hermès (1961)
  • Diva Ungaro (1965)
  • Chamade Guerlain (1969)
  • Calandre Paco Rabanne (1969)
  • Rive Gauche Yves Saint Laurent (1971)
  • First Van Cleef (1976)
  • White Linen Estée Lauder (1978)
  • Courrèges in Blue Courrèges (1983)
  • La Pausa Les Exclusifs Chanel (2007)
  • Beige Les Exclusifs Chanel (2009) 
  • Izia Sisley (2017)

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