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Histoire Du Parfum. Partie 1 (Egypte au XVIème siècle)

Le mot parfum provient du latin « Per fumum », qui signifie littéralement « par la fumée ».

 

L'Egypte

Le parfum comme lien entre le ciel et la terre

L'histoire du parfum trouve son origine dans les temples antiques où brûlent des poudres aromatiques, des baumes et des bois précieux pour honorer les dieux. Il accompagne les prières et de nombreux rituels, afin de s’assurer de la protection des dieux. Si les Égyptiens vouaient un amour tout particulier à la parfumerie, c'est tout d'abord parce qu'ils voyaient en ce produit un moyen indiscutable de créer un lien entre les hommes et les dieux. Ils maitrisent également les techniques d'embaumement.

Bientôt, le parfum aura un usage profane : les mortels, hommes et femmes, vont avoir recours aux bienfaits des parfums, aux vertus sacrées (purification, cosmétiques, thérapeutiques, envoûtement, séduction).

Le parfum le plus connu de l'Egypte ancienne était le Kyphi, utilisé en fumigation dans les contextes religieux, mais aussi médicaux et hygiéniques. La recette inclut : résines de térébenthine, vin, miel, myrrhe, safran, cannelle, raisins secs... Les recettes des produits parfumés servant aux rituels étaient précieusement gardées. Elles n’étaient transmises qu’à l’oral et n’étaient jamais écrites de façon à éviter leur divulgation. S'ils ne maitrisaient pas la distillation, ils étaient en revanche experts dans la technique d'enfleurage.

L'utilisation du parfum comme arme de séduction

Néanmoins, tout comme à notre époque, le parfum était aussi utilisé en tant qu'outil de séduction. Son pouvoir odorant et esthétique était très apprécié des populations égyptiennes. Ainsi, les femmes et les hommes n'hésitaient pas à se farder et à utiliser les substances parfumées de l'époque pour masquer leurs odeurs corporelles et afficher une certaine élégance. Le musée du Louvre compte une grande galerie consacrée à l'Égypte Antique. Parmi les nombreuses pièces qui y sont exposées, un fragment de calcaire peint représente une servante apportant un miroir et un étui à khôl à sa maîtresse. L’encens et la myrrhe constituent les matières les plus employées à l'époque. Ces dernières étaient importées directement de Somalie et du nord de l'Éthiopie. Néanmoins, d'autres matières odorantes arrivaient également de Libye, d'Arabie et du Proche-Orient. Les Égyptiens se fournissaient également en huile de pin, en bois précieux et en épices. Ils étaient déjà avides de découvertes, partant à la recherche de matériaux variés, à la fois dotés de propriétés olfactives, thérapeutiques et médicinales. En outre, les Égyptiens maîtrisaient déjà parfaitement l'art de l'aromathérapie. Toutes les essences créées étaient alors contenues dans des sortes d’énormes jarres de terre semblables aux trois milles exemplaires découverts dans le tombeau de Toutankhamon et dont l'odeur subsiste encore de nos jours... Incontestablement, les Égyptiens sont aujourd'hui considérés comme étant le peuple ayant ouvert la voie à de grandes avancées en matière de parfumerie. 

 

Parfum

La Bible et le sens sacré du parfum

La Bible, au delà de son caractère religieux, constitue un précieux témoin de la vie quotidienne des peuples de l'époque. Ainsi, l'on sait que 2000 ans avant Jésus Christ, les Hébreux utilisaient déjà les parfums et que l'hygiène corporelle était primordiale. Moïse définissait ainsi dans la Bible les différentes utilisations des bains, tant pour les femmes que pour les hommes. De même, la Bible nous apprend que la coutume était de s'asperger de parfum avant chaque repas. Par ailleurs, les vins étaient aromatisés et des aromates étaient brûlés pour agrémenter les salles de festin d'une odeur délicate. Les prêtres étaient également des sortes d'apothicaires qui maîtrisaient à la perfection l'utilisation des plantes et des arômes. Ils créaient ainsi des mélanges d'ingrédients dont la recette était précieusement gardée et se situaient à la frontière entre la médecine, la cuisine, la parfumerie et la magie. Néanmoins, parmi les nombreux ingrédients utilisés, l’encens faisait figure d'excellence. Il était exclusivement réservé au culte. Enfin, notons que le parfum jouait également un rôle dans les rites funéraires. Bien que les hébreux ne pratiquaient pas l'embaumement comme les Égyptiens, ils aspergeaient les défunts d'une eau parfumée et enduisaient leur corps d’huiles aromatiques.

 

 

Les plantes utilisées par les hébreux

Plusieurs versets de la Bible mettent en avant les ingrédients odorants utilisés par le peuple hébreu.  « Le seigneur dit à Moïse : procure-toi des aromates : résine, gomme à onglets, galbanum, des aromates dis-je, et de l'encens pur, comme opère le parfumeur sans autres ingrédients que du sel, un produit pur et saint. » La myrrhe, le cinnamone (un arbre répandant son odeur via son écorce) l'aloès et le nard étaient eux aussi des produits très populaires chez les hébreux. L'on note que le nard, sorte de petite graminée odorante, également appelée verveine des Indes, s'avérait être un parfum très coûteux. En outre, selon la Bible, certaines odeurs sont considérées comme l'odeur des justes, d'autres correspondent à un sacrifice, d'autres encore servent à idolâtrer, tandis que les dernières sont considérées comme étant le parfum de la connaissance.

À ce jour, des études approfondies en termes d'histoire des religions nous ont permis d'établir que le parfum était tout aussi développé chez le peuple hébreu qu’au temps de l'Égypte Antique.

 

La Grèce Antique et le sens sacré des plantes

La Grèce perpétue la tradition et va largement enrichir la palette des substances parfumées en améliorant la technique de l'enfleurage, notamment en y introduisant des baumes, gommes et résines. L'emploi du parfum et des substances parfumées prend une importance dans la vie de tous les jours. L'hygiène et la toilette deviennent de plus en plus importants : bains, banquets.

Si l'Égypte est considérée comme étant la mère de la parfumerie, elle n’omit pas de transmettre son savoir au peuple grec, ainsi qu'aux crétois et qu’aux phéniciens. Ces connaissances se transmirent via leurs relations maritimes. Nous retrouvons ainsi de fortes similitudes sur le sens sacré du parfum utilisé en Grèce Antique que sur l'emploi qui en était fait en Égypte. En outre, à l'époque créto-mycénienne, vers 1500 avant Jésus-Christ, les Grecs croyaient en l'existence d'être divins révélés par des aromates et par le parfum. Ils étaient convaincus que les nombreuses plantes aromatiques présentes dans la nature étaient d'origine divine. Les parfums s'avéraient être des ingrédients essentiels dans la célébration du culte.

Des offrandes étaient ainsi faites lors de chaque cérémonie et de nombreuses substances parfumées telles que la myrrhe ou l'encens y étaient brûlées. De même, les événements les plus importants de la vie des hommes étaient marqués par la présence d'odeurs. Chaque rituel s'accompagnait de fumigations et d'onctions parfumées. Les aromates jouaient un rôle purificateur, notamment lors des funérailles, favorisant même le passage dans l'au-delà. C'est pourquoi, les défunts à l'époque de la Grèce Antique étaient enveloppés dans des linceuls parfumés. Ils étaient ensuite brûlés ou ensevelis avec des plantes odorantes telles que la rose, le lys ou la violette, considérées comme étant des symboles de vie éternelle.

L'hygiène du corps pour les Grecs

Au-delà du sens sacré du parfum, les Grecs étaient également très attachés à l'hygiène corporelle et à la beauté de l’être. Ainsi, ils utilisaient les plantes sous forme de fumigations, de frictions ou de bains. Les bains publics, imprégnés d'odeurs de fleurs, étaient des lieux de socialisation très importants pour l'époque, fréquentés aussi bien par les hommes que les femmes. De même, en signe d'hospitalité, il était d’usage de baigner les pieds de ses invités dans des bassines parfumées et de leur offrir toutes sortes de produits odorants tels que des guirlandes de fleurs, de l’huile de giroflées ou des vins aromatisés. 

 

Le parfum pour les Romains

Rome est désignée comme « capitale du parfum », ce qui permet d'accroître le commerce des plantes. Les romains recherchent les vertus médicinales dans les substances aromatiques. Ils introduisent des récipients en verre qui vont remplacer les récipients en terre, largement utilisés par les Grecs. Ils mettent au point des parfums d'ambiance. Néron utilisait à outrance le parfum, notamment pour masquer les effluves de ses orgies.

Si le parfum n'était guère utilisé à l'époque de la Rome archaïque, le contact du peuple romain avec les Étrusques et les Phéniciens permit d'accroître leurs connaissances en parfumerie. Le parfum et les matières odorantes furent des produits majeurs rapportés par les Romains lors de leurs conquêtes. Ces derniers commencèrent à apprécier peu à peu les propriétés de diverses fragrances, notamment celles du myrte, du genet d’Espagne, du labdanum et du pin.  Ainsi, de la République à l’Empire, les parfums connurent un essor formidable, allant parfois jusqu'à l'excès. Au même titre que leurs voisins, les Romains se mirent à utiliser les odeurs pour leurs rites les plus importants tels que le mariage ou les funérailles.

D'ailleurs, au décès de Pompée, l'équivalent de la production d’encens d’un an en Arabie fut brûlé ! De même, les termes prirent une ampleur considérable, permettant à tous les Romains de se laver, y compris les plus pauvres, et répandant l'usage du sapo, une patte moussante ancêtre du savon. En parallèle, les médecins écrivirent de nombreux ouvrages traitant des vertus curatives de certains végétaux. Ainsi, les aromates et les plantes devinrent des éléments phares de la médecine de l'époque. Certains produits odorants étaient utilisés en tant que soins pour la peau et servaient au massage des athlètes.

La valeur religieuse du parfum s'amenuisa peu à peu, tandis que les avancées techniques en matière de parfumerie et d'aromathérapie furent considérables. D'ailleurs, certains ouvrages attestent que les Romains utilisaient déjà la distillation...

Ainsi, l'époque de la Grèce et de la Rome Antique est considérée comme étant un moment phare de l'histoire du rayonnement de la parfumerie. Néanmoins, toutes les illustres figures de l'époque n'y étaient pas pour autant totalement favorables... Pour Cicéron : « Point d'odeur, bonne odeur ! » tandis que Pline disait du parfum : « Tel est cet objet de luxe, et de tous le plus superflu. » Qu'à cela ne tienne ! Si l'on en croit le devenir des matières odorantes, force est de constater que les fervents admirateurs du parfum étaient plus nombreux.

 

La culture islamique et les sciences du monde arabe au service de la parfumerie

Mahomet dit un jour : « Les femmes, les enfants et les parfums sont ceux que j'aime le mieux au monde ».

L'Arabie, une terre favorable à la parfumerie

Ils apprennent des Grecs les secrets de la chimie. Ce sont les maîtres incontestés du commerce des épices et des poudres odorantes.

Si le parfum est un ingrédient très important dans les pays orientaux, c'est tout d'abord par ce que ce dernier se situe sur une terre propice à la culture des plantes. L'Arabie est la terre des aromates par excellence. D'ailleurs, le poète latin Properce parlait d’"Arabie aux mille parfums ». De même, les poètes Hafiz et Saadi évoquent dans leurs écrits la rose, dont l'odeur serait la plus prisée dans le monde arabe avec celle du musc animal. En outre, l'eau de rose est utilisée pour parfumer les pièces des maisons. De même, elle se retrouve très souvent dans certains plats tels que les sucreries, les sorbets ou les loukoums. Le café y est régulièrement mélangé à de l'ambre gris et la coutume veut que les parois des coupes servant à boire soient imprégnées de résines odorantes. De même, les Arabes possédaient une grande culture scientifique à l'époque du Moyen Âge. Les herbes étaient à ce titre très employées à des fins médicinales. Si les Arabes ne sont pas à l'origine de la création de la distillation, ils améliorèrent considérablement cette technique et la diffusèrent en Europe : Alambic est un mot arabe.

Le sens sacré du parfum pour les Arabes

En parallèle, le parfum fait partie intégrante de la religion et le Coran parle de nombreuses fois de celui-ci. Ainsi, le paradis musulman serait imprégné de nombreuses odeurs suaves. De même, les femmes seraient faites à base du « musc le plus pur ». Au même titre que pour bien des civilisations, les rites islamiques s'accompagnaient ainsi de parfum. En outre, les hommes étaient invités à aller régulièrement aux bains publics pour se purifier tandis que les femmes présentes dans les harems consacraient la plupart de leur temps à mettre en valeur leur beauté naturelle.
Enfin, notons encore que de nos jours, il est permis aux musulmans de se parfumer en période de ramadan, sans pour autant invalider le jeûne.

 

Les Hindous

Ils possèdent une approche différente : ils construisent des temples en bois de santal et prennent soin d'harmoniser leurs parfums (sous forme d'attar) avec les différentes pièces des temples. L'attar est un parfum sans alcool, dont les premières traces remontent au IIe siècle av. J.-C.dans la région de Kannauj en Inde. 

 

Le Moyen-âge en Europe

La première partie du Moyen Âge est marquée par un net recul de la parfumerie. En effet, les invasions barbares entraînèrent la chute de l'Empire Romain et limitèrent l'usage des plantes aromatiques. Cependant, la réouverture des routes commerciales romaines dès le XIIe siècle permit de redécouvrir de nombreuses fragrances. Qui plus. Les voyages de Marco Polo ainsi que le développement du commerce aux épices ouvrirent la voie à de nouvelles saveurs.L'introduction des parfums en Europe s'effectue également par le biais des Croisades.
En France, en 1190, le privilège du commerce des parfums est attribué aux gantiers. La première composition à base alcoolique aromatique, la célèbre "Eau de Hongrie", élaborée notamment à base de romarin, voit le jour au 14ème siècle.

Durant l'épidémie de peste noire (1347 - 1352), les médecins recommandait l'utilisation de parfums contenant notamment des épices. Pendant la quarantaine, les survivants se lavaient avec de l'eau-de-vie additionnée de girofle, de sel et de poudre d'iris, puis inhalaient des vinaigres aromatiques dont une recette, par exemple, employait du girofle, de la fleur de violette, de la jacinthe, de l'œillet, du musc et de l'ambre gris. Pour les plus pauvres, on recommandait d'utiliser de l'armoise, plus abordable...

En prévention, on pouvait inhaler des plantes aromatiques. Les médecins, pour se protéger, portaient une longue robe noire très enveloppante avec un masque en forme de tête d'oiseau au long bec fourré d'aromates. Chez les particuliers, des parfums étaient brûlés dans des cassolettes pour purifier l'air; la puanteur était considérée comme mortifère. Les pomanders portés en permanence sur soi étaient aussi très prisés par les aristocrates et les ecclésiastiques de haut rang qui inhalaient plusieurs fois par jour les aromates qu'ils contenaient. Parmi les nombreuses eaux censées lutter contre la peste, l'eau de Damas, dont la formule contenait douze aromates ainsi que du musc et de la civette, possédait une excellente réputation, tout comme la thériaque de Venise et de Montpellier. Dans les rues, pour essayer d'arrêter la progression de l'épidémie, on allumait au milieu des carrefours de grands feux censés purifier l'atmosphère.

 

Venise sous la Renaissance

A Venise, en 1555, naît le premier traité européen de la parfumerie. Les Italiens sont passés maîtres dans l'art de traiter les cuirs, ceux sont eux qui initient la mode des gants parfumés. On connait la recette de la "peau d'Espagne" : la peau macère dans l'eau de rose, puis l'on ajoute des matières odorantes telles que lavande, néroli, girofle, santal. Le tout est ensuite malaxé avec des notes animales. 

 

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